armement nucléaire: la France "hors-la-loi"

INTERDICTION DES ARMES NUCLÉAIRES:

LA FRANCE HORS LA LOI AU REGARD DU DROIT INTERNATIONAL!

Nous le relations dans nos colonnes en août dernier, un groupe de jeûneurs militants rejoignait pour la première fois à Épinal et dans le Grand Est, une action mondiale récurrente depuis une trentaine d’année pour faire interdire les armes nucléaires. Le 24 octobre dernier aux Nations Unies, le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) était signé et ratifié par 50 états: c’est une grande victoire qui officialise son entrée en vigueur ce 22 janvier 2021. Désormais, selon le droit international, les armes nucléaires sont illégales.

Elles étaient les seules armes de destruction massive non-interdites, contrairement aux armes chimiques et biologiques. Soixante-quinze ans après leur première utilisation sur des populations civiles, à Hiroshima et Nagasaki, elles totalisent plus de deux mille explosions expérimentales dont 500 dans l’atmosphère. Les armes les plus inhumaines et destructrices ont été utilisées à 210 reprises par la France, pays nucléaire s’il en est. Elles sont enfin totalement interdites par le TIAN. Et 37 États signataires préparent à leur tour leur procédure de ratification du traité.

Vers un monde plus sûr, avec les Vosges?

Dans les Vosges, pour célébrer l’entrée en vigueur de l’interdiction des armes nucléaires, Pierre Olivier Poyard, le secrétaire de la section vosgienne du “mouvement pour la paix” prépare une action ce 23 janvier. Les jeûneurs d’Épinal, les associations Vosges Alternative au Nucléaire et Abolition des Armes Nucléaires s’apprêtent à demander une audience au député Stéphane Viry et à solliciter une prise de parole dans une réunion du conseil municipal d’Épinal, voire dans d’autres communes, afin de rejoindre les centaines de villes à travers le monde qui appellent à cette interdiction. Rappelons qu’en France une trentaine de villes, dont Paris, Grenoble ou Lyon ont aussi signé l’Appel des Villes initié par ICAN.

En France aucun débat de fond et doublement du budget militaire atomique

La loi de programmation militaire votée en 2017 pour la période 2019-2025 engendre le gaspillage de 37 milliards d’euros uniquement dédiés à l’arsenal militaire nucléaire.

Jean-Marie Collin est expert sur le désarmement nucléaire, et l’un des porte-paroles de ICAN France. «La France est à contre-courant de l’histoire. Non seulement elle a pratiqué la politique de la chaise vide durant toutes ces années de négociations à l’ONU, mais en plus elle a exercé une pression sur des États contre l’instauration d’une norme qui soutient le droit humanitaire et va renforcer la sécurité internationale. Nous sommes devant un vide terrible de prise de conscience des parlementaires sur les enjeux liés au désarmement nucléaire. C’est extrêmement regrettable de voir que le budget atomique passe la barre des 5 milliards d’euros sans aucun débat de fond. Nous les appelons à constituer une délégation permanente à la dissuasion nucléaire, à la non-prolifération, à la maîtrise de l’armement et au désarmement sur ce sujet comme ils s’y étaient engagé le 11 juillet 2018.»

du « réalisme » macroniste pour justifier une Europe de guerre

Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements, également co-porte-parole de ICAN France, précise : «Le président Macron a parlé de réalisme dans son discours sur la dissuasion (7 février 2020) assurant qu’il fallait avec les Européens développer une culture stratégique et pratiquer des exercices de frappes nucléaires. Le réalisme imposerait de voir que cette politique va diviser les États européens, empêcher la création d’une politique de sécurité commune et faire le lit de la prolifération nucléaire ! Ceux qui pensent que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires n’aura aucun impact sur la France ne tiennent aucun compte de la réalité du monde de ce XXIe siècle et de ses interdépendances. Les effets de l’entrée en vigueur du TIAN vont être politiques, diplomatiques, juridiques, stratégiques, éthiques et financiers. Déjà d’importantes institutions financières se refusent à investir dans le secteur de l’armement nucléaire suite à l’adoption du traité par l’ONU… Le déni d’ouvrir le débat sur la dissuasion nucléaire ne peut que renforcer l’instabilité et l’insécurité. »

Malgré les dernières tentatives de pression des États nucléaires, notamment de la France, le traité d’interdiction des armes nucléaires va entrer en œuvre pour engager le désarmement nucléaire, prendre en compte l’environnement pollué par les essais nucléaires et « assurer une véritable reconnaissance et prise en charge des victimes des essais nucléaires dans le désert algérien du Sahara et dans le Pacifique, à Mururoa et Fangataufa pour ce qui concerne la France » précise Jean-Luc Tonnerieux, co-président de Vosges Alternative au Nucléaire.

ICAN est prix Nobel de la Paix depuis 2017. Cette campagne, lancée en 2007, regroupe 590 organisations non gouvernementales partenaires dans 103 pays. Elle mobilise citoyens et gouvernements pour l’entrée en vigueur et la mise application du traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).

**Marie-Pascale Gaudé **

paru dans l’Echo des Vosges

légende photo :

L’été dernier au Parc du Cours à Épinal : Jean-Luc Tonnerieux, co-président de Vosges Alternative au Nucléaire, et Fabrice Pisias délégué départemental de La France Insoumise qui apporte son soutien aux Jeûneurs Militants d’Épinal pour le désarmement nucléaire.