Malbaraise
Tam-tam café musique électrique et bière, flonflons dans la ville de Saint-Pierre
Une jeune fille garçonne égarée papillonne, s’attire mon épaule s’y pose s’y réfugie
Longue et féline silhouette, filiforme allumette métisse Indienne me parle poésie
Petit oiseau tombé du nid me conduit vers sa chapelle, fleurs et fruits,
Vers ses secrets rituels, promesse et vœu pieu, carême, marche sur le feu,
Me ramène jusqu’à la mer, dernière avancée de terre, ardents charbons de ses yeux.
Je l’attire dans mon jardin, surf sur les flots, la vague de Saint-Leu
Nos bassins rapprochés vont dans le mur bleu dur et cobalt,
Pan d’éther et plan d’eau safrané d’étoiles, poudrée des ors dans la baie multicolore,
Spot, lumière citadine, réverbères et reflets, face aux lames coupantes acier trempé
Dans le ressac d’une marée montante, Jocondes symboliques,
Muses à perpétuité saoulées d’éternité, dansons les vagues!
Ses yeux lancent des flammes elle se fond dans la côte sauvage elle se cambre
Moringueuse au regard de braise tu me danses ta guerre, Malbaraise!
Tu cries tes drames au large tu lui vomis ta haine, tu balances
Ta méfiance au vent lancinant du sud qui sèche tes larmes
Sombre sirène en devenir, fleur de soufre tu m’appelles.
Plage nocturne à la Saline les bains, cracheurs de feu, percussions sur le sable.
Je danse sur ta peine, lune presque pleine, tambours au chant de l’océan
Ton rire aux éclats ta douleur qui s’en va ta couleur chocolat, Cafrine marron
Ta langueur parfumée d’épices rares et appropriées, tes larmes Pointe au sel
Ta peau d’ambre presque sucrée, les rayons de ton sourire éclairent ma nuit.
Elle ne veut plus rentrer chez elle, elle ose même des baisers
Égare sa bouche en mon cou fatigué, s’insinue route des Colimaçons
Après l’ivresse de l’Entre-Deux, virages épinglés grand matin
Dans l’aurore d’un étrange apprivoisement, lueur au point de l’aube
Éclose à l’aurore de ses seins, soudaine sur fond noir piton, la coulée lointaine
Le réveil de la Fournaise, lent dévalement rouge volcan!
Elle m’a prise, se refuse, me reprend sur ses gardes, elle abuse
De mes nuits, son charme infuse d’adolescentes crises en enfantillage.
Aux crépuscules des jours elle s’alcoolise, poison silence de la veille
Elle attend, fidèle, mon retour prochain interlude à sa fugue,
Escapade, aventureux voyage, fatale dérive vers l’inaccessible rivage.
Voici qu’elle est prête à m‘emprisonner d’un sentiment rutilent, neuf et flamboyant
Dangereux pour qui d’autre s’approchera de moi, sa conquête et sa proie
Voici que vautour elle m’enferme dans sa tour et m’embrasse à double-tour
Resserre agiles et fines ses mains sur nos manques de tendre
Et tigresse, presque m’agresse de son fardeau chagrin déposé dans la case;
Créole comme Célimène, elle m’aime, elle me veut pour elle.