Musique !

Rythme et sonorité, couleurs et harmonies… De la Musique à la Poésie, souvent il n’y a qu’un pas… Dansons sur les vagues d’une valse corse en Perpignan la Catalane jusqu’à Mirecourt la Cité de la Lutherie, en passant par tout un pan de l’histoire de la musique réunionnaise, jusqu’au bout du monde en Australie… Musique !

Photo CAMPINI DANS SES CORDES

Valse Corse (extrait de la Suite pour Guitare) Denis Campini

Opéra Guitare

A l‘âme sœur au Pays du Conflent,
La Suite de Notes jazze au grand vent :
Variation de silences, distance…

A la route soixante-six, à l’errance,
Aux solstices. Chapelle de la Oultre,
Moultes cordes pour aller plus oultre !

Haut les cœurs au grand galop martèlent
Poème éperdu créant dentelle
De nits occitanes aux mille présages.

Passent les pays, passent les âges,
Un opéra guitare, une pluie
Multicolore de riches harmonies.

Miller, banjo, mandoline ou Gibson,
Toutes les musiques du monde sonnent
Sous des doigts d’or déformés d’arthrose.

Oser vieillir en gamin virtuose
Dans la lune qui brûle, insomniaque,
L’inspiration divine et démoniaque.

A l’Homme-Guitare Cité des Luthiers,
Luth, octobasse, violon, vièle et archet,
Le théâtre à l’italienne grelotte.

Ô son réveil, petite Patenotte !
Valse corse au nyckelharpa, cantiques,
Nouvelle mazurka, quatuors antiques.

Un oiseau lyre et du blues mandingue,
Une folie douce et quelques fringues,
L’espérance de traverser la France.

Dans tes accords où mes rêves dansent,
Si tu respires encore mon âme sœur,
Je t’aime pour le pire et le meilleur.

Marie-Pascale Gaudé- 2020 Printemps Confinement.

photo Marie Pascale Gaudé

Quelques notes :

Construite dès le 11ème siècle, la chapelle de la Oultre fut rehaussée au XVe siècle à son entrée d’un «tympan flamboyant» qui symboliserait «une âme» ! Double correspondance: la référence architecturale suggérerait par extension une écoute déployée, une oreille musicale particulière. Deuxième analogie, l’âme qui serait personnifiée à l’entrée de la chapelle renvoie aux âmes-sœurs dont il est question dans le poème, mais aussi à cette pièce de bois de lutherie, placée sous le chevalet, qui réunit la table d’harmonie et le fond de certains instruments à cordes comme ceux du quatuor et autre guitare : cette définition est absente de la plupart des dictionnaires.

«Passent les pays passent les âges»: «Les compositions du guitariste invoquent la mémoire des terres laissées derrière soi dans l’exil, et la survivance des traditions musicales orales dont il se fait passionnément le passeur.» (extrait d’une biographie en cours de réalisation)

La Miller était fabriquée à Poussay, petite commune voisine de Mirecourt. Celle du musicien, qu’il chérit depuis trois décennies, est une guitare jazz datée des années 40 ou 50 : ce sont les premières cordes en acier, et son corps garde la taille d’une guitare classique. Il s’agit vraisemblablement d’une «guitare parisienne», ce modèle dont jouait George Brassens. «Je l’accorde toujours à la manière des Gitans quand ils jouent le rondana, un type de flamenco issu de la ville andalouse de Ronda. Il m’a été transmis par mon ami Pitchoro du quartier Saint-Jacques à Perpignan.» Denis Campini

« Opéra Guitare » : l’expression reviendrait à Michel Maldonado, contrebassiste classique spécialiste en musique baroque, directeur artistique du festival les Nits d’Eus, pour qualifier les compositions du guitariste.

L’homme-guitare cité des luthiers: le poème se fait l’écho d’un projet ambitieux par le jeu des métaphores. Finalisée pendant la période du confinement, cette création suggère aussi la rencontre des deux âmes sœurs éloignées géographiquement, et inspire une composition originale au guitariste.

L’octobasse aux dimensions gigantesques serait une création unique au monde, à Mirecourt : sur une commande d’Hector Berlioz à Jean-Baptiste Vuillaume en 1851, sa fabrication est relancée avec succès en 2010 par Jean-Jacques Pagès qui l’exporte au Canada.

Le théâtre à l’italienne de Mirecourt, édifié vers 1730, est en cours de réparation avec le concours de la Fondation du Patrimoine! Ce lieu culte doté d’une acoustique exceptionnelle est entréen sommeil depuis 1950. Il tire son origine d’un bâtiment regroupant l’ancienne chapelle et la salle capitulaire des sœurs de la Congrégation Notre-Dame fondée par Saint Pierre Fourrier, natif de Mirecourt en 1565, qui fut le curé de Mattaincourt.

Associer le réveil du théâtre à l’italienne à la « **petite Patenotte **» est une figure qui permet de réhabiliter la guitare en question: elle était fabriquée de génération en génération dans la même famille à Mattaincourt jusqu’en 2009, dans cevillage jouxtant la cité des luthiers. Difficile de trouver ne serait-ce qu’une carte postale de l’atelier de Claude Patenotte dans la ville de Mirecourt, fleuron du violon et de son archet. La petite Patenotte symboliserait donc aussi bien les musicien-ne-s virtuoses qui restent dans l’ombre d’un savoir et d’une culture académique, que les luthier-e-s dont le grand talent égale souvent l’humilité, rarement cité-e-s dans les publications d’œuvres musicales.

Nyckelharpa : Instrument suédois à cordes frottées muni d’un clavier, de la famille des vièles, apparu au 14ème siècle. Il est fabriqué à Mirecourt parJean-Claude Condi, l’un des rares luthiers français à faire renaître cet instrument tombé dans l’oubli pendant des siècles. Le luthier est également musicien: il anime des stages de musiques traditionnelles à Socourt, et de fabrication de cet instrument dont la pratique n’est pas enseignée dans les écoles.

Comme une rivière

Gouttes lettres de mots
Ils vivaient la lumière
Sur ses vagues silencieuses
Ascendantes descendantes
Ruisseaux de montagne
Coulent de toi
Riche est la cascade de phrase en phrase
Et comme le vent transporte la lumière
Pour illuminer la montagne un matin de juin
Je respire le parfum des lettres de noblesse
Noble cœur Marie
Le gris argenté de tes cheveux
Ondule sur tes épaules vaillantes
Vaillance des chevalières
Aux épaules branches d’Arbres
Forêts Vosgiennes
Elfes Gnomes
Récitent les notes bleues
Des Guitares à venir
Guident les Mains
Des Luthiers à la besogne
Odorants ateliers
Aux mille parfums
Sans âge
Sage
Sage à l’Or du Nombre
L’ Ombre
De la sagesse séculaire
Secrète
Secret des chemins
Aux Z’ oiseaux
Qui le détiennent
Ils nous donneront
A chanter louanges
Louanges au Kyrie eleison
De l’antre de la guitare terre
Résonne le pas
Partage des
Anges
Partage du Verbe
Aux pas doux
Si lent Cieux
Heureux est
Mon cœur en peine

Denis Campini

photo Bernard Brancard

Bernard Brancard : « afro-jazz-maloya »

Batteur percussionniste français né à l’île de La Réunion «dans une case en paille» le 29 septembre 1952 à Sainte-Clotilde. Ses racines proviennent du Sud malgache, “dans la brousse” du côté maternel, et du Mozambique côté paternel. Assi Tianga, c’est le nom de ses ancêtres: une généalogie qu’il se découvrira sur le tard, au cours d’une tournée aux Seychelles. Brancard, c’est donc le nom d’un propriétaire terrien, au 19ème siècle dans l’ancienne colonie Bourbon, quand les maîtres donnaient leur nom à leurs esclaves.

Suite de la biographie de Bernard Brancard ici (mpg-bio)

Lors d’une «résidence» improvisée dans les Vosges où s’est finalisée sa biographie, Bernard a animé musicalement un atelier de l’Union des Ecrivains Vosgiens à Contrexéville en duo drums et poésie avec des extraits de l’Odyssée Fantasmatique et des poèmes aborigènes.

vidéo d’Alexandre Boutié « Alain Mastane et Bernard Brancard : Hommage à Jimi Hendrix »

vidéo du trio jazz du guitariste Stephane Raux ses compositions avec Moise Ichama et Bernard Brancard

Cette idée de l’UEV de faire entrer la musique dans ses ateliers prend son point de départ en 2009, quand le jeune Youva Gaudé, Franco-Aborigène australien, débarqua avec son didgeridoo au centre culturel d’Épinal pour illustrer quelques poèmes de sa maman.

Photo Youva

Peinture rituelle et boomarang de Major ‘Moogy’ Sumner, elder de la tribu Ngarrindjeri. photo Sylvie Fulkier.

Le père de Youva était Alan Dargin, acteur et musicien, « le Jimi Hendrix du didgeridoo » selon les mots du journal national The Australian- il est décédé le 24/02/08 à 40 ans d’un AVC.

Le didgeridoo (Yidaki chez les Yolngu en Terres d’Arhnem), est un instrument de la famille des cuivres des plus anciens au monde, venu des Aborigènes d’Australie. Il se pratique avec le souffle continu, que Youva a enseigné à des enfants lors d’ateliers d’initiation, notament au festival Là-Haut sur la Colline (54). Il espère desormais concilier la musique et la création de jeux vidéos.

Youva Gaudé didgeridoo – “study 3”

Prochaine publication de Marie-Pascale : sa nouvelle « Uluru Full Moon », récit autobiographique du voyage de Youva à la rencontre de sa famille aborigène, illustrée par le moine Orgyen du centre bouddhiste tibétain de Lusse dans les Vosges.